... Aux lacunes orthographiques s'ajoutent des difficultés de vocabulaire. [...] Invités à définir le mot «vade-mecum»,
cet aide- mémoire que l'on garde sur soi pour le consulter, la moitié
des quelque 800 candidats journalistes à l'école de Bordeaux, tous,
donc, rappelons- le, titulaires d'une licence, ont répondu : «un
dentifrice». L'adjectif «velléitaire», qui ne se décide pas
à agir, a donné lieu à une kyrielle de définitions : «vieux,
dépassé, obsolète, qui pense être dans son droit, bagarreur,
ambitieux, courageux, cacochyme, rancunière», et beaucoup
d'autres...
Amusant ? Pas tant que cela. [...] Lorsqu'on ne met pas la même chose
derrière le sens des mots, on ne se comprend plus. Ce qui inquiète
particulièrement les enseignants des matières scientifiques qui
redoutent que leurs étudiants se trouvent un jour bloqués dans leur
progression intellectuelle. Joseph Ciccolini, maître de conférences
universitaire en pharmaco-cinétique à l'université d'Aix-Marseille, a
donné un exercice évoquant le taux d'un médicament
«en deçà du seuil de toxicité». Beaucoup d'étudiants - pourtant de
niveau bac+4 - ont échoué. «Ils avaient confondu en deçà et au-delà»,
dit Joseph Ciccolini. On n'ose imaginer les conséquences d'un tel
contresens dans la vraie vie...
(Jacqueline de Linares, « Fautes en vrac... à la fac ! », Le Nouvel
Observateur n° 2235, 6 sept. 2007.)