LA STRUCTURE DES HISTOIRES


La narratologie ne se limite pas à l'étude des « figures » narratives. Même si Gérard Genette, en 1972, la restreignait à cette dimension, on n'oubliera pas (comme le fait curieusement le Grand Robert) que le terme avait été proposé, trois ans plus tôt, par Tzvetan Todorov, pour désigner une « grammaire de la narration » visant à décrire « le récit des actions ». De fait, toute une branche de l'analyse du récit, telle qu'elle s'est développée dans le sillage de Propp, s'est donné pour objet la structure des histoires. Son principal mérite est d'avoir mis en évidence, par-delà la variété des événements et la contingence des situations, des principes d'organisation du matériau narratif. Il est significatif, à cet égard, que les premières recherches aient porté sur les contes merveilleux, souvent considérés comme un domaine de pure fantaisie : tant il est vrai qu'il n'est point d'histoire tant soit peu constituée qui ne présente une structure accessible à l'analyse.

C'est précisément cette structuration qui a focalisé l'attention des chercheurs. A côté de travaux de type monographique, de multiples tentatives ont vu le jour pour mettre au point des procédures de description plus ou moins générales, avec l'idée que tous les récits présentent un minimum de traits communs – ce qui permet, précisément, de les identifier comme tels (on a pu parler, en ce sens, de "compétence narrative").

Mais cela ne signifie pas qu'il faille les ramener à une structure uniforme. On ne saurait mettre dans le même moule les contes merveilleux, les anecdotes réalistes, les comédies, les tragédies, les films d'aventure, les romans policiers... Il s'agit au contraire de développer une méthodologie et des concepts opératoires (comme la notion de "fonction narrative") capables de rendre compte de la diversité des histoires, sans rien sacrifier de leur spécificité.

Une précision toutefois : le but n'est pas, en l'occurrence, d'étudier les actions pour elles-mêmes, mais bien l'organisation que leur donne le récit. L'analyse d'une intrigue ne saurait se résoudre à des modèles extranarratifs, qu'ils soient psychologiques, sociologiques ou anthropologiques. Le récit raconté (pour reprendre une expression de Claude Bremond) possède des lois qui lui sont propres : il n'est point un décalque plus ou moins mimétique d'événements « réels », mais un langage original possédant ses propres normes de composition.




Pour illustrer cette dimension constitutive de la narratologie, nous présentons ici deux documents :

1. UNE BIBLIOGRAPHIE COMMENTÉE. Publiée dans la revue Poétique, n° 30, en 1977 (p. 226-242), elle peut encore présenter un intérêt, en dépit de sa date, dans la mesure où elle expose les textes fondamentaux (Propp, Lévi-Strauss, Bremond, Greimas, etc.) dont se sont inspirés la plupart des travaux ultérieurs. Nous mettons ici en ligne un « manuscrit auteur ».

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2. UN EXTRAIT DU DOSSIER CLUB DES CINQ, écrit conjointement avec Marie-Pierre Mathieu-Colas et paru en 1983 aux Editions Magnard-l'Ecole. Cet ouvrage présente une étude détaillée du « Club des Cinq » (The Famous Five) d'Enid Blyton, l'un des best-sellers de la littérature enfantine. Symptomatiquement, le premier chapitre est consacré, de manière spécifique, à « la structure des histoires ». Il s'agit de soumettre les vingt et un romans qui composent la série à une étude détaillée des intrigues, afin de mettre évidence, tout à la fois, les points communs et les différences qui les caractérisent. Au-delà du cas particulier du « Club des Cinq », cette étude se veut l'illustration d'une certaine méthode d'analyse, susceptible de s'appliquer à de nombreuses histoires.

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